Physical Address

304 North Cardinal St.
Dorchester Center, MA 02124

Procès pour maltraitance animal dans un élevage porcin de l’Yonne

Castration et coupage de queues à vif, agonie d’une truie assommée à coups de masse… Un ancien employé d’un élevage de porcs dans l’Yonne, soutenu par l’association de défense des animaux L214, a dénoncé au tribunal d’Auxerre, jeudi 21 mars, les actes de maltraitance dont il dit avoir été témoin.
« C’était tous les jours, des coups de tournevis, de barres de fer, de masse », rapporte Grégory Boutron, 39 ans, qui a travaillé entre 2019 et 2022 dans l’élevage porcin des Tremblats II, à Annay-sur-Serein (Yonne).
« C’est honteux », dit-il à la barre du tribunal correctionnel, ciblant en particulier le « claquage » des porcelets, qui consiste à tuer un animal non viable en le jetant par terre. Révolté, M. Boutron dit en avoir parlé à ses « chefs ». « Mais il n’y a rien eu. » Alors il a décidé de tout filmer.
Le 16 février 2021, il filme une truie « défoncée à coups de masse » qui a agonisé toute une nuit avant d’être achevée au fusil le lendemain. La vidéo sera diffusée par l’association L214, suscitant un vif émoi dans tout le pays.
En parallèle, L214 porte plainte contre l’élevage, qui fait l’objet de plusieurs inspections. Des « non-conformités » sont constatées, mais « mineures », assure l’avocat de l’exploitation. « L214 ne peut pas avoir raison contre toutes les autorités de l’Etat : les services vétérinaires nous ont dit qu’il n’exist[ait] pas matière à poursuivre ! »
« Il n’y a rien eu de choquant », répond également Dominique Hervet, 61 ans, qui était, à l’époque des faits, responsable des truies gestantes sur l’élevage de 1 800 bêtes.
« Le claquage, c’est pour les porcelets qui vont mourir de toute façon. Ben oui, on les jette par terre, quoi », ajoute-t-il. « Les coups de tournevis, c’est pour les faire avancer… La barre de fer, c’est arrivé une fois. C’était une truie cinglée de 110 kilos qui sautait partout. »
« Et la truie agonisante ? », demande le président du tribunal, Grégory Hontcharenko. « Le matador [pistolet d’abattage] ne fonctionnait pas », répond le prévenu. « Mais pourquoi, alors, ne pas l’avoir achevé au fusil dès le soir sans attendre le lendemain ? », poursuit le président. « Oui, on a fait une boulette », lâche le responsable.
« On aime nos animaux », affirme de son côté Christophe Nevot, 48 ans, responsable du site à l’époque des faits. « Le claquage, il n’y a pas de meilleure solution. On nous demande d’arrêter la souffrance, mais c’est le plus rapide. »
La pratique est pourtant interdite depuis janvier 2022, rappelle l’association L214. « La mise à mort de cette truie est extrêmement choquante », reconnaît le procureur de la République, Hugues de Phily, qui invite toutefois à ne pas se servir de cas pour faire « le procès de toute une filière ».
Le magistrat a requis une simple amende de 1 500 euros, dont 1 000 avec sursis, contre le responsable des truies gestantes, Dominique Hervet, mais la relaxe pour les trois autres prévenus, notamment les gérants de l’élevage.
Le jugement sera prononcé le jeudi 11 avril.
Le Monde avec AFP
Contribuer

en_USEnglish